Le financement du logement au Burkina Faso est une préoccupation majeure pour tous les acteurs du secteur du logement à savoir les ménages, l’Etat et ses démembrements, les entreprises immobilières et de construction, les institutions financières nationales, régionales et internationales ainsi que les institutions internationales de développement. En particulier, tous ces acteurs se préoccupent de l’habitat abordable, en relation avec la lutte contre la pauvreté. La question est d’autant plus urgente que le déficit de logement est important et les solutions mises en œuvre jusqu’ici pour le combler restent en-deçà des besoins.
Au Burkina, le déficit du logement est estimé à 200 000 logements, auxquels s’ajoute un besoin additionnel annuel de 8000 logements à Ouagadougou et 6000 logements à Bobo-Dioulasso, pour ne citer que les deux principales villes du pays. Or, la capacité des ménages à faire face à leurs besoins de logement est drastiquement limitée par leurs difficultés d’accès au crédit bancaire. En effet, les concours bancaires en faveur de l’habitat constituent une part marginale de l’ensemble des crédits octroyés. Au cours des 5 dernières années, cette part a été en moyenne d’environ de 2 % dans l’UEMOA et 1% au Burkina. L’accès des ménages aux concours bancaires en faveur de l’habitat se heurte à plusieurs facteurs que sont :
- La faible formalisation du foncier qui s’exprime par l’absence de titres de propriété fiables susceptibles de garantir des crédits bancaires ;
- Le faible niveau général de revenus des ménages qui plafonne leur capacité d’emprunt;
- L’insuffisance de ressources longues et concessionnelles disponibles dans les banques, ce qui limite leur capacité à offrir des prêts sur une durée relativement longue et à un taux d’intérêt modéré, conditions compatibles avec les besoins de financement du logement.
Certes, des initiatives ont été prises aux plans national et régional pour aider à lever ces obstacles, notamment ceux qui se rapportent au financement du logement au Burkina Faso . Ainsi à l’échelle nationale, par exemple, la Banque de l’Habitat du Burkina Faso (BHBF) et le Fonds au Logement Social (FOLOS) ont été créés par le Gouvernement en 2005. Mais ces solutions restent fragiles comme l’indique la disparition de la BHBF en 2018, et leurs effets sont limités. Au plan régional, la Caisse Régionale de Refinancement Hypothécaire (CRRH) a été créée en 2012 au sein de la BOAD, de concert avec d’autres institutions régionales mais son action demeure limitée par les lacunes des systèmes nationaux de gestion du foncier.
Au Burkina Faso, la SGBF qui a alloué 50% des crédits au financement du logement en 2018, est le leader dans ce domaine bien que sa cible corresponde aux ménages disposant des revenus les plus élevés avec le taux d’intérêt le plus élevé. Mais le montant total des concours à l’habitat ne dépasse pas 1,2 milliards de FCFA pour la même année.
Or, le marché de l’habitat peut s’évaluer à environ 75 000 logements par an jusqu’à l’horizon 2030 au moins, soit environ 1000 milliards de FCFA. Il s’agit donc d’un enjeu important.
Pour capter une part substantielle de ce marché, la SGBF doit tenir comptes des défis futurs liés à :
- la persistance de l’insécurité foncière
- l’expansion spatiale de la ville de Ouagadougou, principal marché de logements urbains ;
- le nombre élevé de parcelles non mises en valeur dans les villes, en particulier à Ouagadougou,
- les initiatives des pouvoirs publics et des institutions régionales dont le logement social demeure la cible principale.
Pour se positionner solidement sur ce marché, la SGBF devra élargir sa cible au segment de l’habitat social/abordable en offrant des produits qui prennent en compte :
- la collaboration avec les entreprises immobilières sous la forme de projets innovants répondant aux défis tels que l’expansion spatiale de la ville de Ouagadougou
- l’accompagnement des ménages aussi bien pour l’acquisition des parcelles que pour l’achat ou la construction de logements
- l’adoption de taux d’intérêt plus compatibles avec les contraintes en matière d’habitat et donc n’excédant pas 7%
- l’obtention de l’extension du bénéfice du FOLOS à tous les acquéreurs de logement et l’accompagnement du Gouvernement pour l’accès à des ressources longues et concessionnelles.
Etude commanditée par SGBF et réalisée par CERFODES en juillet 2020
[…] Pour ce faire, le Ministère en charge de l’Urbanisme et de l’Habitat qui a pour missions la pla… […]